Accords numériques


Dominique Jézéquel est peintre, mais sa peinture ne se réduit pas à une technique mais plutôt à un concept, une manière de penser.
Ses peintures sur toile, plus anciennes, combinent deux champs colorés où les couleurs ne sont plus parfaitement descriptibles, où la construction des surfaces est différente. Le mélange des couleurs ne se fait plus sur la palette du peintre mais directement sur la toile, dans un vernis de sa fabrication. Puis Dominique Jézéquel a superposé les couches. Chacune de ses peintures porte les traces des couches successives, créant une matière dense et contrastée, qui capte la lumière.

Les tableaux numériques de Dominique Jézéquel sont constitués de quatre carrés ou bandes de couleur qui agissent comme des accords. La couleur devient lumière et le sujet est réduit à sa simple expression. Ils sont réalisés à l’écran, sous forme d’un fichier de quatre couleurs juxtaposées, imprimé suivant un procédé photographique, appelé “ argento-numérique ”.  L’expression repose, ici, sur l’exactitude des couleurs et de leurs rapports. L’utilisation du tirage lambda sous diasec anti-reflets restitue l’influence de la lumière dans la perception de la couleur, propre à la peinture à l’huile.

Les vidéo projections sont des successions de tableaux, d’accords de quatre couleurs, formant une suite cohérente, projetée directement sur le mur.  La surface de projection impose la couleur, retient le regard jusqu’à l’apparition du tableau. Le rapport entre les projections transforme le lieu et fait entrer le spectateur dans un environnement déstabilisant qui le transporte dans une autre perception et le rend réceptif à un autre langage, celui de la couleur. Chaque accord est conçu comme un tableau dont le sens est dépendant de la juxtaposition des quatre couleurs, qui agissent comme un ensemble.

L’une de ses vidéos, projetée sur la vitrine de l’espace d’accueil du centre d’art passerelle, sera visible de la rue, de nuit, offrant à l’exposition une double temporalité. Cette image immatérielle agit comme une sorte d’interface entre l’extérieur et l’intérieur du centre d’art, s’inscrivant pleinement dans l’architecture même du bâtiment. Le centre d’art passerelle devient le support, le médium de l’œuvre. 


Centre d'Art Passerelle

Mars-avril 2011